LYON : LAISSÉS DE CÔTÉ FAUTE DE PLACES, LES ÉTUDIANTS "SANS FACS" SE MOBILISENT

Comme un sentiment d'injustice, de frustration. Malgré son bac obtenu et son projet professionnel bien défini, Sevde Selek, 18 ans, n'a pas fait sa rentrée en L1 de psychologie à Lyon 2, comme elle l'avait espéré. Tout n'est pas encore perdu, la phase complémentaire se poursuit sur Parcoursup... Mais l'espoir est mince.


"Je me dis que je n'ai peut-être pas les notes qu'il faut, mais je sais que j'ai des capacités. Je suis investie, j'ai fait des stages, j'ai tout mis dans mon CV", explique la bachelière. Une proposition lui a été faite... par la fac de Chambéry. "J'ai vraiment choisi Lyon 2, c'est ce qui correspond le plus à ce que je veux faire", poursuit la jeune femme qui se mobilise auprès des syndicats. "Si ce n'est pas pour moi, ce sera pour les autres."

Du côté de la présidence, on ne cache pas les difficultés rencontrées dans certaines filières, le droit et la psycho en particulier. "On manque de places, on manque d'enseignants... On ne peut pas prendre tout le monde", indique Marie-Karine Lhommé, en charge de l'orientation et de l'insertion professionnelle. "On propose aux étudiants non-inscrits d'opter pour une autre filière qui se rapproche, mais on sait que ce n'est pas forcément ce qu'ils veulent. On peut leur proposer ensuite d'être accompagnés par des conseillers en orientation pour affiner leur projet professionnel."

Quitte à proposer à un étudiant qui a validé sa licence de faire une deuxième L3 faute de places en M1...

"On m'a dit qu'il y avait des BTS dans le social, alors oui, c'est intéressant, mais moi je ne veux pas perdre une année", regrette Sevde Selek.


La présidence de l'Université Lyon 2 est toujours en lien avec une délégation d'étudiants du collectif des "sans facs" et des membres de l'Unef, le syndicat étudiant. Une réunion a eu lieu vendredi 9 septembre et une autre doit se dérouler ce vendredi. Une trentaine de dossiers ont été déposés dont un tiers sur une entrée en licence. La présidence de la fac pense pouvoir proposer une solution à la moitié d'entre eux.

"C'est de pire en pire chaque année, on voit bien que la sélection se renforce, que ce soit en licence ou en master", dénonce Sarah, militante à l'Unef. "On amplifiera le mouvement s'il le faut, y compris pour demander l'exonération des frais d'inscription pour les étudiants hors Union Européenne qui se retrouvent à devoir payer 2.700 euros pour l'année en licence."

L'année dernière, deux étudiants s'étaient lancés dans une grève de la faim pour alerter sur le même phénomène. À Nanterre en région parisienne, les étudiants mobilisés ont occupé la fac pendant neuf mois.